Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/20

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ner sur la parole de la sainte ; mais un autre, plus pur et dont les yeux étaient dessillés aux choses du ciel, déclara qu’il voyait les bienheureux papes et évêques rangés des deux côtés, et, s’avançant le premier d’un pas rapide, il entraîna toute la bande après lui.

Il ne fallait pas moins qu’une garde toute céleste pour rassurer les pèlerins du douzième siècle. Les carabiniers de la reine d’Espagne, qui nous escortent depuis hier,nous tranquillisent moins qu’ils ne nous alarment, en nous rappelant que nous voyageons en compagnie de dix-sept millions de réaux, par des chemins où l’on n’est pas sans rencontrer quelque soir six escopettes derrière un buisson. Toutefois la solitude se peuple, les noms historiques se succèdent sur la route. Nous laissons à l’écart les montagnes d’Auca dont les évêques siégèrent aux premiers conciles d’Espagne. Voici l’enceinte murée de Briviesca, où le roi Jean 1er convoqua les Cortès de 1588. Enfin le riche hameau de Gamonal annonce les approches de Burgos ; et les tours de la cathédrale qui se découvrent publient qu’un jour, sur cette terre aride et indigente, l’inspiration chrétienne est descendue.