Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/220

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qui se laissent arracher par la séduction ni par la crainte. Saint Benoît estimait trop le cœur humain pour rien lui demander de pareil qu’au nom de Dieu, pour espérer l’obtenir autrement que par l’amour, ni le conserver autrement que par la prière et par le long travail de l’ascétisme chrétien. Voilà pourquoi il voulut que, sept fois par jour, le chant des psaumes réunît ses disciples dans une même pensée et fît monter vers le ciel l’offrande renouvelée de leur libre sacrifice. Voilà pourquoi il leur en promit la récompense ailleurs qu’ici-bas, n’ayant pas songé qu’on pût réunir des hommes dans une vie commune, c’est-à-dire dans une vie de privation, d’abnégation, de subordination continuelles, au nom du bien-être, au nom des passions égoïstes, de l’orgueil qui veut commander, et de la sensualité qui veut jouir.

C’est à ces conditions que la règle de Saint-Benoît fit des conquêtes si rapides, et qu’au moment des grandes invasions, en présence de cette barbarie dont le caractère était surtout la haine du travail, la milice bénédictine forma des légions de travailleurs, des colonies agricoles de plusieurs milliers de moines qui défrichèrent la moitié de la France, de l’Allemagne et de l’Angleterre. Plus tard la loi monastique s’étend et s’assouplit en quelque manière pour se prêter à toutes les formes de l’activité humaine, et pour envelopper sous sa discipline toutes les sortes d’industries. Les Béguins de Flandre tis-