Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/246

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fondes de la nature humaine et les plus dignes de pitié. Quand une question toujours résolue par la théologie, comme par la philosophie, comme par la jurisprudence, se reproduit toujours, et vient au seuil de chaque révolution épouvanter les esprits faibles et solliciter les forts, il n’est pas permis de la traiter avec légèreté, ni de croire qu’on y aura mis fin par l’incarcération de quelques turbulents. Il y faut porter le respect dû aux grands problèmes dont se sert la Providence pour tenir les sociétés en haleine et les pousser sur cette voie de progrès où elle ne leur laisse point de repos. Mais, si dans l’antiquité même de l’erreur nous trouvons un motif d’étude, nous y voyons aussi un motif de confiance. Lorsque les doctrines subversives de la famille et de la propriété, toujours à la porte de la société chrétienne comme pour saisir le moment de s’y jeter, ont eu à leur service des circonstances aussi favorables que la ruine de l’empire romain et l’invasion barbare, que les déchirements intérieurs de la France depuis le temps des Pastoureaux jusqu’à la Jacquerie, que les guerres de religion et la ruine de l’ordre social dans tout le nord de l’Europe ; lorsque, soutenues par tant de hardiesse, tant de persévérance et tant de bras, elles sont venues échouer invariablement contre la solidité de la civilisation, il n’y a plus lieu de s’en effrayer comme d’un péril nouveau. Il est permis de compter sur la conscience et le bon sens des peuples qui