Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/254

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dessus de leur chevet une croix, une image, un rameau béni, bien peu qui soient morts à l’ hôpital des blessures de Juin sans avoir ouvert leurs bras au prêtre et leur cœur au pardon. Dans les greniers infects et sur le même palier que la paresse et la débauche, nous avons vu les plus aimables vertus domestiques, avec la délicatesse et l’intelligence qu’on ne rencontre pas toujours sous des lambris dorés ; un pauvre tonnelier, septugénaire, fatiguant ses vieux bras pour nourrir l’enfant qu’un fils mort dans la force de l’âge lui avait laissé ; un jeune sourd-muet de douze ans, dont l’instruction a été poussée à ce point, qu’il commence à lire, qu’il prie, qu’il connaît Dieu. Nous n’oublierons jamais une humble chambre, mais d’un arrangement irréprochable, où une bonne femme d’Auvergne, dans le costume de son pays, travaillait avec ses quatre jeunes filles propres, modestes, et ne levant les yeux de leur ouvrage que pour répondre poliment aux questions de l’étranger. Le père n’était qu’un manœuvre et servait les maçons mais la foi que ces braves gens avaient gardée de leurs montagnes éclairait leur vie, comme le rayon de soleil qui glissait à travers leur fenêtre et qui éclairait les saintes images collées sur les murs.

On s’effraye avec raison de cette multitude d’enfants qui grandissent pour le désordre et pour le crime, sans autre éducation que les exemples du cabaret et les tentations de la place publique. On