Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/27

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« après lui avoir servi mille viandes, selon l’usage, le roi lui dit : « Ami Gonzalo, un mets précieux nous fait faute.» Le noble hidalgo répondit en découvrant ses glorieux cheveux blancs  : « A votre table, seigneur, on ne saurait avoir faute de rien. » Là-dessus vint un large bassin couvert d’une nappe, et dessus, sept têtes, rameaux morts de ce tronc dépouillé. Gonzalo considère le bassin et dit : « Ah ! fruits précoces ! qui vous a transportés de Burgos aux champs des Infidèles[1] ?» Tout le monde sait le reste, et comment Mudarra le Bâtard poursuivit la vengeance de ses frères. Les gens de Burgos montrent la tour, d’où la première ouvrière de tant de maux, doña Lambra, se précipita de désespoir. On l’appelle encore la tour de la Suicidée. Mais ces légendes guerrières ne sont à vrai dire que les préludes de l’épopée castillane. Tout le génie de la vieille Castille a passé dans l’histoire du Cid. L’action commence à Burgos au manoir paternel du héros ; elle s’achève près de Burgos, au sanctuaire national de Saint-Pierre de Cardeña. Au bord d’une rue déserte, jadis retentissante du bruit

  1. En est vino una fuente
    Que cubria una toalla.
    Y en ella siete cabezas,
    De aquel tronco muertas ramas.
    Mira la fuente Gonzalo
    Y dice: «Ay fruta temprana
    Quien vos trasportò de Burgos
    A los campos de Arabiana ?»