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pérance Le siècle de fer a commencé il durera jusqu’au jour où un enfant divin viendra effacer la tache du crime originel[1].

Veut-on remonter à une époque plus reculée ? D’une part, se présentent les Pélasges, premiers habitants de l’Hellade, adorateurs d’un Dieu-Pro-

  1. L’idée d’une faute originelle et du révélateur à venir se trouve souvent dans les livres de Platon.

    « Ne faut-il pas avouer, dit-il dans sa République, que tout ce qui vient des dieux est toujours aussi excellent que possible, à moins qu’une faute primitive n’y ait entremêlé un mal nécessaire ? — Sans doute. »

    Οὐϰ ὀμολογήσομεν, ὅσά γε ἀπὸ θεῶν γίγνεται, πάντα γίγνεσθαι ὼς οἶόντε ἄριστα ; ει μή το ἀναγϰαῖον αὐτῷ ϰαϰον ἐϰ προτέρας ἁμαρτίας ὑπήρχε ; — Πάνυ μέν οὖν. (De Republica, lib. X ; opera Platonis, editio stereotypa Lipsiœ, t. V.)

    Le passage suivant est plus connu : « Socrate. Il est donc nécessaire d’attendre que quelqu’un vienne nous enseigner quelle doit être notre conduite envers Dieu et envers les hommes. — Alcibiade. Quand viendra ce jour, et quel est celui qui enseignera ces choses ? — Socrate. C’est celui qui a l’œil ouvert sur toi. »

    ΣΩΚΡΑΤΗΣ. Ἀναγϰαῖον οὖν ἐστι περιμένειν ἕως ἂν τὶς μαθῂ ὡς δεῖ πρὸς Θεοὺς ϰαὶ πρὸς ἀνθρώπους διαϰεῖσθαι. — ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ. Πότε οὖν παρέσται ὁ χρόνος οὗτος, ϰαὶ τίς ὁ παιδεύσων ; — ΣΩΚΡΑΤΗΣ. Οὗτος ἐστιν ῷ μέλει περὶ σοῦ. (Alcibiades secundus.)

    Voyez aussi le Banquet, l’Épinomis, etc.

    Cette pensée se reproduit dans une multitude de fables mythologiques. C’est Apollon, le fils de Zeus, descendu sur la terre pour exterminer le serpent Python ; c’est Héraclès, force divine incarnée pour la destruction du principe du mal ; c’est ce Dieu sauveur (Σωτήρ), attendu pour délivrer l’univers ; c’est cet enfant mystérieux chanté par Virgile

    Quo duce, si qua manent sceleris vestigia nostri,
    Irrita perpetua solvent formidine terras.

    On peut encore consulter sur ces différents mythes, Fragments orphiques ; Hésiode, Théogonie ; Ovide, Métamorphoses, l. I ; Hésiode, les Œuvres et les Jours, v. 60-199 ; Virgile, Géorgiques, l. II, vers 525 ; Églogue 4 ; Platon, passim, etc., etc.