Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/363

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servirait, de grâce, l’organisation sociale, qui n’a d’autre but que le perfectionnement ? et, d’un autre côté, que deviendrait la stabilité d’un gouvernement où l’autorité même ne serait pas viagère ? Le genre humain se perfectionnant sans cesse, à chaque instant peut surgir une capacité nouvelle, supérieure, digne de remplacer la capacité régnante  ; à chaque instant l’épreuve doit recommencer, et les degrés du trône saint-simonien sont continuellement couverts de pontifes-rois passés et à venir, de capacités détrônées qui descendent et de capacités naissantes qui s’élèvent. Or, à travers cette fluctuation, comment pourra le vaisseau de l’État marcher vers le port ? Il y a plus, l’établissement de cette étrange organisation nécessiterait une œuvre plus singulière encore : « La propriété, disent les fils de Saint-Simon, qui depuis bien des siècles va s’affaiblissant toujours, cessera d’exister ; avec elle tombera l’hérédité pour faire place à la communauté des biens et à la répartition, selon le besoin, selon le mérite[1]. » Si mon intention était d’entrer dans une discussion historique, il ne serait peut-être pas difficile de montrer que ce qu’on a pris pour l’affaiblissement de la propriété n’en fut que la transformation et que, tandis que la propriété de l’homme par l’homme se détruisit peu à

  1. Doctrine de Saint-Simon, passim. Tableau de la religion saint-simonienne.