Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/403

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puissance.[1] A l’aurore du moyen âge, le souvenir d’Aristote s’était presque effacé dans l’Occident. Les arts libéraux, réduits au nombre de sept, distribués en deux séries, le trivium et le quadrivium ne conservaient plus que des traditions confuses de l’antiquité, et demeuraient stationnaires à l’ombre de la théologie. Dans l’Université de Paris, on enseignait la logique de saint Augustin.[2]

Cependant Aristote, accueilli par les Arabes, avait été traduit dans leur langue ; et Averrhoës l’avait proclamé le chef-d’œuvre de Dieu et le terme suprême de la perfection où l’humanité puisse atteindre. Bientôt il passa dans les mains des chrétiens qui étudiaient aux écoles de Cordoue, et s’introduisit furtivement dans les universités orthodoxes. Ce fut dans cette lecture que le fougueux Abeilard chercha des inspirations ; les téméraires maximes qu’il y puisa furent frappées de la réprobation de l’Eglise. Un concile provincial de Paris, en 1209, condamna au feu les li--

  1. S. Irénée, adv. Haeres., II, cap XIX. « Minutiloquium et sublimitatem circa questiones, com sit Aristotelicum, haeretici fidei inferre conantur. » Tertullien, de Praescript., VII. «  Miserum Aristotelem qui dialecticam instituit artificem struendi et destruendi, versipellem, in sententiis coactam, in conjecturis duram, in argumentis operariam contentionum, molestam etiam sibi ipsi, omnia retractantem ne quid omnino tractaverit ! » S. Basile, S. Grégoire de Nazianze, S. Jérôme, S. Augustin, S. Bernard, sermon II, pour la Pentecôte, tiennent le même langage.
  2. Launoy, de varia Aristotelis fortuna.