Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/434

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ronne. Mais elle avait reçu en héritage l’orgueil farouche de son père, elle avait fait sous le règne de sa sœur un long apprentissage de dissimulation, et son âme recélait toutes les faiblesses d’une femme. Ces dispositions, encouragées par des conseillers pervers, avait grandi et formé par leur l’ assemblage un des plus odieux caractères qui déshonorent l’histoire moderne ; égoïsme au diadème doré, au cœur d’argile, à la main de fer, à qui rien ne coûte pour parvenir à ses fins. Femme jalouse de sa beauté jusqu’aux plus ridicules excès de la coquetterie ; reine vierge qui aimait à traîner sa robe dans toutes les turpitudes d’une cour scandaleuse, et s’entourait de favoris marqués souvent au coin de la réprobation publique ; souveraine d’une nation libre, qui mettait son honneur à prendre les allures altières du despotisme, et qui fit couler à grands flots les larmes et le sang pour assouvir son insatiable méfiance ; alliée perfide qui, durant plus de quarante ans, sema à travers l’Europe les discordes civiles, et fonda la grandeur de son royaume sur les désastres de la chrétienté ; parente oublieuse des droits les plus sacrés, qui prépara avec une habileté infernale les infortunes de Marie Stuart, qu’elle appelait sa bonne sœur, et la traîna de chute en chute et d’outrage en outrage jusqu’à l’échafaud ; chrétienne infidèle, qui, après avoir embrassé le catholicisme sans contrainte, l’abjura sans pudeur, fit peser sur la tête de ses