Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/452

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de l’habileté, mais aussi le comble de l’impudence, c’est de publier hautement ses vices et de s’en faire gloire ; et, pour mieux en imposer à l’opinion, de feindre la timidité et le scrupule en des points où l’on sait qu’on excelle. Ainsi sont les poëtes qui, défendant avec chaleur un vers justement attaqué, détournent la critique et l’appellent avec une inquiétude feinte sur le passage qu’ils savent le plus beau de leur œuvre. Il n’est point facile de déterminer dans quelles circonstances : il convient de parler et dans quelles de se taire. Bien qu’une taciturnité profonde, des conseils impénétrables, des menées mystérieuses, puissent quelquefois conduire au but et sollicitent toujours l’admiration, cependant nous voyons les politiques les plus heureux dédaigner souvent de dissimuler l’objet auquel tendent leurs efforts. Sylla en est un illustre exemple. — Que l’esprit soit flexible ; employez vos efforts à rendre la volonté souple et obéissante aux occasions et aux circonstances. Les caractères graves et qui ne savent pas changer ont d’ordinaire plus de dignité que de bonheur.

« Les préceptes particuliers sont nombreux : en voici quelques-uns qui serviront d’exemples ; 1° On s’accoutumera à juger du prix de toute chose en raison du rapport qu’elle peut avoir avec les fins qu’on s’est proposées ; les éléments de cette sorte de mathématiques intellectuelles consistent dans la connaissance exacte des puissances qui, à diffé-