de nombreux et de nobles vassaux, marcher environné d’hommes d’armes. Envoyé à la cour de France pour conclure une négociation difficile, il avait étonné les peuples par son faste et les hommes d’État par son habileté. Plus d’une fois, sous les drapeaux du roi son maître, lui-même avait conduit ses tenanciers militaires. Il avait guerroyé non sans quelque bonheur devant les murs de Toulouse et de Cahors, un jour même il avait jouté contre un chevalier français et remporté une brillante victoire. Assurément pour un évêque, c’étaient là de bizarres préludes. D’un autre côté, l’amitié que le roi professait pour lui n’était guère propre à rassurer les consciences craintives. Les bontés d’un tel maître étaient rarement désintéressées, elles imposaient au favori le devoir d’une complaisance sans bornes ; et on avait lieu de croire que Thomas l’archevêque payerait les dettes de reconnaissance contractées par Becket le chancelier. -Toutefois les prélats de la province et les députés des moines de Cantorbéry assemblés dans la chapelle royale de Westminster acceptèrent le candidat qui leur était désigné ; Thomas Becket fut élu, et les faibles murmures de la minorité se perdirent dans un applaudissement qui devint universel. Mais, tandis que les faux prophètes de la multitude s’épuisaient en vaines conjectures, Thomas seul avait vu devant lui se dévoiler l’avenir, un
Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/482
Apparence