si longtemps remplis de sa présence. Il s’enferma dans le monastère des chanoines réguliers de sa cathédrale, se forma dans leur nombre un cercle de savants et de pieux amis, et vécut comme l’un d’entre eux. Dans le silence de sa cellule et dans l’obscurité des nuits, il consacrait de longues heures à la lecture des livres sacrés qui illuminait son intelligence, à la méditation solitaire qui donnait une trempe vigoureuse à sa volonté, à ces rudes épreuves, que l’ascétisme chrétien inventa pour subjuguer la chair. Par cette gymnastique sublime, l’athlète de Dieu se préparait à des luttes prochaines. Sa vie extérieure, sans trahir le secret de ses austérités, était pleine de modestie. Dans sa demeure on ne trouvait plus d’autres magnificences que celles de l’aumône et de l’hospitalité car il y avait beaucoup de pauvres parmi son peuple. Il conçut pour eux un immense amour chaque jour, avant l’aurore, il en appelait douze, et lui-même leur lavait les pieds et leur rompait le pain ; chaque jour aussi plus de cent de ces malheureux étaient conviés à un banquet préparé par ses ordres. Ses charités cachées dépassaient encore ses largesses publiques elles allaient chercher toutes les misères, et il n’était pas de fumier si délaissé qu’elles ne visitassent. Toutes les dîmes qu’il percevait étaient consommées dans cet emploi, et les revenus de l’Église, que ses mains ne savaient pas retenir devenaient comme la rosée qui ne sort de
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