Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/51

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maison mère de tous les couvents de religieuses cisterciennes dans les royaumes de Castille et de Léon, exerce une juridiction légitime sur les monastères, églises, ermitages de son obéissance, juridiction dérogatoire à celle des archevêques et évêques diocésains. L’abbesse, par ses délégués, a la connaissance en première instance. de toutes les causes bénéficiaires ; droit de pourvoir aux cures et chapellenies; droit d’examen, approbation, et concession de titres pour . célébrer, prêcher, confesser, exercer charge d’âmes. Elle connaît des violations de clôture, immunités des églises, translations de couvents, érections de confréries. Elle donne des démissoires pour les saints ordres. Sans doute les abbesses de Chelles et de Fontevrault écartelèrent plus d’une fois leur blason monastique avec les lis de France, elles menèrent à leur suite un nombreux cortège de barons et de chevaliers, elles envoyèrent leurs procureurs aux états généraux et leur contingent sous les drapeaux des rois. L’Allemagne eut de superbes religieuses, devant lesquelles l’empereur mettait pied à terre, et qui siégeaient dans les diètes. Mais les canonistes ne connaissent pas d’autre exemple du pouvoir exorbitant exercé par les Dames de las Huelgas, en face de l’archevêque de Burgos, au bout du pont qui les séparait de ce puissant métropolitain. La politique des rois devait agrandir une maison qu’ils regardaient comme la leur, où ils avaient leurs