ne pouvaient manquer de nourrir. Si donc l’Église, qui seule allait semant par le monde les germes de la civilisation, eût trouvé les portes de l’Angleterre fermées si les relations bienveillantes que la religion seule à cette époque pouvait entretenir entre les peuples toujours armés eussent cessé pour le peuple anglais, et qu’il n’eût vu désormais ses voisins que sur les champs de bataille si la suprématie spirituelle et le sceptre des consciences se fussent trouvés entre des mains comme celles de Jean Sans-Terre, de Richard II, de Henri IV, d’Édouard IV, de Richard III ; si, en un mot, le règne de Henri VIII eût été avancé de quatre siècles, cette contrée fût descendue à un degré d’abrutissement comparable à l’état de la Russie, du jour où elle se fit schismatique jusqu’aux jours de Pierre le Grand. L’Europe aurait vu de loin cette île enveloppée dans son ignorance, pareille ces contrées hyperboréennes et ténébreuses que les anciens connaissaient à peine et dont ils fuyaient les rivages : aujourd’hui encore la sueur des serfs arroserait les glèbes de Lancastre et les chantiers de Liverpool et Londres, comme Moscou, viendrait nous mendier nos lumières. Mais non Dieu, qui a fait les nations, avait sur l’Angleterre quelque magnifique dessein : il lui envoya un saint pour la sauver de l’apostasie ; il voulut qu’elle restât longtemps encore unie à l’Église immortelle, et que dans cette étreinte d’amour elle puisât une vie glorieuse et féconde
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