Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/553

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc saint Thomas se fit le défenseur de la liberté religieuse, il acceptait un ministère de charité, et cette charité embrassait dans son expansion, non seulement ses clients, mais ses adversaires et ses juges. Car le Christianisme est ainsi fait il ne permet pas de ramper aux pieds des grands, mais il ne permet pas non plus de les mépriser et de les haïr. Aimer ceux qui soutirent, ceux qui sont faibles, pauvres, humbles, au-dessous de nous, c’est la joie de notre nature, c’est un instinct auquel notre orgueil même n’est pas étranger. Mais ceux qui sont riches, puissants, superbes, qui font autour d’eux trembler et souffrir, ceux-là, ne les point haïr, les aimer, c’est le triomphe, c’est le miracle de la charité catholique.

Saint Thomas fut ainsi sa charité fit sa force, et sa force lui valut l’honneur d’être le soutien de l’Eglise. L’Église a reçu d’en haut des promesses d’éternité, et celui qui les a faites les maintiendra ; mais il s’est réservé le choix des moyens par lesquels ses promesses s’accomplissent. Et, tandis que la société chrétienne poursuit son émigration mystérieuse de la terre vers le ciel, son salut est assuré par une assistance toujours présente, mais diverse. dans ses manifestations. Aujourd’hui c’est la manne miraculeuse, demain c’est l’eau du rocher c’est la nuée pendant le jour, la colonne de feu pendant la nuit. Quand Israël combattait dans la plaine, Moïse sur la montagne étendait les mains, et la