Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/557

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liarité de Néron. Voici Luther qui signe en faveur du landgrave de Hesse la consécration de la polygamie; Voltaire, admis aux petits soupers de Frédéric de Prusse ;le dix-huitième siècle tout entier et ses inénarrables turpitudes; et maintenant, sous nos yeux, des hommes dont je tairai les noms, parce qu’ils vivent ou qu’ils vivaient naguère, mais qui, eux aussi, nous ont fait connaître ce qu’on peut attendre du rationalisme en fait d’honneur et de liberté. Il n’est peut-être pas de tyran qui n’ait eu à son service quelques philosophes, soit pour en faire les apologistes de ses actes, soit comme ces bêtes superbes et curieuses qu’on entretient dans les jardins des rois.

L’histoire de saint Thomas est celle de beaucoup d’entre les saints ; c’est celle de plusieurs myriades de martyrs devant les proconsuls, d’Athanase devant Julien, d’Ambroise devant Théodose, de Chrysostome devant Arcadius, de Grégoire VII devant, Henri IV, de Népomucène devant Wenceslas, de l’évêque Fisher et de Thomas Morus devant Henri VIII ; et aussi, pourquoi ne le dirais-je point ? de Pie VII devant Napoléon. Car, en ce temps-là, nous avons appris par un grand exemple que, dans l’Église de Dieu, les traditions d’une juste et religieuse indépendance ne s’étaient point perdues. Ce ne sont donc plus deux hommes qui sont en présence, ce sont deux types : c’est le philosophe et c’est le saint ; et il faut dire ici pourquoi l’un se