Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/559

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qui la volonté sache obéir. Dès lors la volonté leur échappe ; elle reste dans les abîmes de corruption où elle était descendue elle y reste abandonnée à ces enchanteresses qui l’enivrent d’ignominieuses jouissances et de plaisirs douloureux, et qui sont si bien nommées Passions. Aussi ce divorce fatal qui se voit dans toutes les âmes se retrouve plus éclatant, plus triste encore dans l’âme du philosophe : il y a en lui deux vies, celle de la tête et celle du cœur c’est la statue d’or aux pieds d’argile c’est un homme divisé, c’est-à-dire un homme faible.

Le Christianisme a eu pitié de notre nature il a pris au ciel deux rayons, dont l’un s’appelle Foi, l’autre Charité, et ces deux ne sont qu’une même flamme ; mais l’un est lumière, l’autre chaleur. Par la foi le Christianisme s’empare de l’intelligence et la tire de ses ténèbres ; par la charité il régénère la volonté et la relève de ses turpitudes. Ce qu’il fait croire à la première, à la seconde il le fait aimer il les fait toutes deux se rencontrer sur la route pour tendre ensemble à une même fin, qui est Dieu. Voilà comment il rétablit l’harmonie primitive de l’âme et, pour que l’harmonie ne soit pas troublée, pour que la foi ne chancelle point, pour que la charité ne défaille jamais, une société est instituée, croyante, aimante, harmonieuse, et cette société, c’est l’Église. C’est là l’origine de cette inébranlable fermeté de pensée, de