Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/56

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révolutions ont bouleversé l’économie de ce vieil hospice, et les restaurations en ont défiguré l’architecture. Pourtant, qui ne s’arrêterait encore devant la porte élégante ( Puerta de los Romeros) où le voyageur fatigué, voyait en arrivant les images de ses célestes protecteurs, saint Jacques majestueusement assis dans une niche, et plus haut l’archange saint Michel foulant aux pieds le dragon ? La tradition veut que cette entrée de l’hôpital ait eu pour portier le bienheureux saint Amaro. Il venait de France, dit-on, et, après avoir accompli son vœu à Compostelle, il voulut achever ses jours au service des pèlerins, lavant leurs pieds, pansant leurs. plaies, allant au-devant des plus fatigués pour les rapporter sur ses épaules. Une profonde obscurité enveloppa la vie de ce juste, mais, la nuit de sa mort, une clarté du ciel environna l’Hospital del Rey . Les gens de Burgos accoururent, croyant qu’un incendie dévorait la maison ; et trouvèrent que Dieu avait voulu honorer des vertus ignorées. L’Eglise éleva des autels à saint Amaro, et le peuple lit encore avec amour la légende de ce serviteur du peuple. Il faut reconnaître ici un des caractères de l’Espagne catholique la charité à côté de la grandeur. Le Cid pourfend les Sarrasins, mais il fait asseoir le lépreux à sa table et le couche dans son lit. Les abbesses de las Huelgas règnent derrière leurs grilles, qui ne s’ouvrent que pour les têtes couronnées ; mais les