Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/103

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ses efforts, infatigable d’espérance. Car la société ne saurait mourir de mort volontaire balancée entre l’immensité de ses vœux et la nullité de sa puissance, il ne lui est pas loisible de se réfugier dans le néant. Mais dans l’immensité de ses vœux elle trouve le pressentiment qu’il est pour elle une loi de perfectibilité, et la nullité de ses efforts lui apprend qu’elle doit recevoir d’un enseignement supérieur la connaissance de cette loi. Ainsi ce malaise profond, cette inquiétude solennelle, dont elle est dévorée, s’explique de soi-même et se résout en un besoin glorieux parce qu’il est infini : besoin de Croyance et de Progrès.

II

Qui répondra à ce besoin ? Quelle doctrine, embrassant dans ses spéculations toute l’étendue des destinées humaines, viendra dévoiler aux générations présentes la série des développements qu’elles ont à parcourir, et donner à leur volonté une impulsion victorieuse ?

Les écoles philosophiques n’ont pas été sourdes à cet appel. Du fond des doctes retraites où elles disputaient entre elles, elles ont entendu les clameurs confuses de la foule, qui ne sait ni d’où elle vient, ni où elle va, et qui répète avec angoisses des questions sans réponses. Joyeuses de sortir de leur isolement,