Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/11

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et les premiers établissements de Renan dans la vie laïque, toute son installation dans la vie de tout le monde, — ensemble pour qu’il n’y eût aucun scandale, ou au moins pour qu’il n’y eût que le moins de scandale, et aussi par un effet de cette sorte d’affection continuée que nous avons dite, enfin tout ensemble par une application d’une politique sage et d’une affection sentimentale sagement politique, et aussi d’une politique affectueuse, il faut le dire, et même par une affection sincère continuée sincèrement, — à quel point enfin la seule vraie Église et la seule qui compte et qu’il faille juger ou qu’il soit important ou intéressant de juger a ménagé Renan et l’a presque protégé, nous le savons par les confidences de lui-même Renan toutes les fois qu’elles sont un peu sincères, — et pour qui sait le lire il n’y a aucun doute sur ce point, les preuves en sont abondantes au point qu’il y en aurait presque trop, — nous le savons par tous les textes et par la bonne tradition, — nous le savons par tous les témoignages des tiers toutes les fois que ces tiers n’ont pas été aveuglés par la passion politique ou, aveuglement plus grave encore, par cette sorte si particulière d’hébétude mentale, ou d’habitude, intellectuelle, qui fait que l’on croit que tout est ami chez les amis apparents, et que tout est ennemi au contraire chez les ennemis apparents et officiels et classés, et que l’on ne voit pas ni les fissures qui naissent au cœur des apparentes amitiés, ni les correspondances profondes qui lient par en-dessous des inimitiés apparentes.

En quoi faisant l’Église n’avait d’ailleurs aucun mérite particulier à l’égard de Renan, car elle ne faisait