Page:Péguy - De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne, 1906.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cela n’a pas suffi, Tous ensemble, par nos pères, par nos aînés, par nous-mêmes, nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d’anticléricalisme, à une œuvre d’irréligion. Nous avons arraché les consciences humaines à la croyance. Lorsqu’un misérable, fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous l’avons relevé, nous lui avons dit que derrière les nuages il n’y avait que des chimères. Ensemble, et d’un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus ! (Vifs applaudissements à gauche et à l’extrême gauche)

Les applaudissements sont devenus vifs, de prolongés qu’ils étaient, et ils se sont étendus à l’extrême gauche ; mais les vives réclamations à droite sont tombées, comme dans la version du Matin. C’est une compensation.

Qu’est-ce que vous voulez répondre, je vous le demande, à l’enfant devenu un homme qui a profité de l’instruction primaire complétée d’ailleurs par les œuvres postscolaires de la République, pour confronter sa situation avec celle des autres hommes ? Qu’est-ce que vous voulez répondre à un homme qui n’est plus un croyant, grâce à nous, que nous avons arraché à la foi, à qui nous avons dit que le ciel était vide de justice (Applaudissements à l’extrême gauche et à gauche) quand il cherche la justice ici-bas ?

M. Lasies.Très bien ! très bien !

M. le ministre du travail. — — — Répondez à ceux qui disent que la hardiesse dans les réformes