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Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 2.djvu/109

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DE LA DEUXIEME VERTU

Gomme on voit, comme on sent la sève au mois de mai

Poindre sous la dure écorce,

Ainsi on sent, ainsi on voit au mois de Pâques

Un sang nouveau monter et poindre

Sous la dure écorce du cœur.

Sous l'écorce de la colère, sous l'écorce du désespoir,

Sous la dure écorce du péché.

��Voilà ce qu'ils ne connaissent point, ni le plus grand

péché charnel. Quand le sang monte et se gonfle et se tuméfie dans le

cœur et dans la tête. Quand dans un soudain mouvement, dans un énorme

mouvement le sang monte et se gonfle et bout. Dans un mouvement d'orgueil.

Quand le sang, comme une bête, saute, dans un coup. Comme un rapace, comme une bête de proie Dans un coup d'orgueil. L'orgueil, le plus grand péché qui soit jamais tombé

sur la terre Et dans toute la création. L'orgueil du corps, l'orgueil du sang, l'orgueil de la

chair. Qui gonfle et qui bourdonne dans tout le corps comme

une tempête de bourdonnement. Et qui bat aux tempes comme un roulement de tam- bour. L'antique orgueil, vieux comme la race, vieux comme

la chair, et cornue la sève du bouleau.

lOI porche. — 6.

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