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Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 2.djvu/211

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DE LA DEUXIEME VERTU

Sont assez longs. Ainsi quand nous disons que l'espé- rance nous trompe.

Et quand en même temps secrètement dans notre cœur nous nous taisons ses complices

Pour qu'elle nous trompe,

Au fond nous savons très bien ce que tout cela veut dire.

Et que cette sourde complicité que nous avons avec elle

Pour qu'elle nous trompe

Est ce que nous avons en nous

De plus agréable à Dieu.

Or elle nous traite comme elle.

Gomme elle se traite elle-même.

Comme si nous étions comme elle.

C'est-à-dire comme si nous étions infatigables.

Et elle nous fait faire vingt fois ce chemin.

Qui n'est pas le même.

Comme si nous étions infatigables.

Les enfants ne pensent même pas à la fatigue.

Ils courent comme des petits chiens. Ils font le chemin vingt fois.

Et par conséquent vingt fois plus de chemin qu'il n'en faut.

Qu'est-ce que ça leur fait. Ils savent bien que le soir

(Mais ils n'y pensent pas)

Ils tomberont de sommeil

Dans leur lit ou même à table

Et que le sommeil est la fin de tout.

Voilà leur secret, voilà le secret d'être infatigable.

Infatigable comme les enfants.

Infatigable comme l'enfant Espérance.

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