Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 2.djvu/38

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le porche

qu'à se laisser aller, il n'y a qu'à regarder tant de détresse. Pour ne pas aimer son prochain il faudrait se violenter, se torturer, se tourmenter, se contrarier. Se raidir. Se faire mal. Se dénaturer, se prendre à l'envers, se mettre à l'envers. Se remonter. La cha- rité est toute naturelle, toute jaillissante, toute simple, toute bonne venante. C'est le premier mouvement du cœur. C'est le premier mouvement qui est le bon. La charité est une mère et une sœur.

Pour ne pas aimer son prochain, mon enfant, il faudrait

se boucher les yeux et les oreilles. A tant de cris de détresse.

��Mais l'espérance ne va pas de soi. L'espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce.

��C'est la foi qui est facile et de ne pas croire qui serait impossible. C'est la charité qui est facile et de ne pas aimer qui serait impossible. Mais c'est d'espérer qui est difficile.

à voix basse et honteusement.

Et le facile et la pente est de désespérer et c'est la grande tentation.

3o

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