Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA DEUXIEME VERTU

��Il y a dans ce qui commence une source, une race qui

ne revient pas. Un départ, une enfance que l'on ne retrouve, qui ne se

retrouve jamais plus. Or la petite espérance Est celle qui toujours commence.

��Cette naissance

Perpétuelle.

Cette enfance

Perpétuelle. Qu'est-ce que l'on ferait, qu'est-ce que l'on

serait, mon Dieu, sans les enfants. Qu'est-ce que l'on

deviendrait. Et ses deux grandes sœurs savent bien que sans elle

elles ne seraient que des servantes d'un jour. Des vieilles filles dans une chaumière. Dans une cabane délabrée qui se démolit tous les jours

davantage. Qui s'use à mesure. Des vieilles femmes qui vieillissent toutes seules et qui

s'ennuient dans une masure. Des femmes sans enfants. Une race qui s'éteint.

��49

�� �