Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/122

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le mystère

��Nos Français sont comme tout le monde, dit Dieu. Peu

de saints, beaucoup de pécheurs. Un saint, trois pécheurs. Et trente pécheurs. Et trois

cents pécheurs. Et plus. Mais j'aime mieux un saint qui a des défauts qu'un

pécheur qui n'en a pas. Non, je veux dire : J'aime mieux un saint qui a des défauts qu'un neutre

qui n'en a pas. Je suis ainsi. Un homme avait deux fils. Or ces Français, comme ils sont, ce sont mes meilleurs

serviteurs. Ils ont été, ils seront toujours mes meilleurs soldats

dans la croisade. Or il y aura toujours la croisade. Enfin ils me plaisent. C'est tout dire. Ils ont du bon et

du mauvais. Ils ont du pour et du contre. Je connais l'homme. Je sais trop ce qu'il faut demander à l'homme. Et surtout ce qu'il ne faut pas lui demander. Si quelqu'un le sait, c'est moi.

Depuis que l'ayant créé à mon image et à ma ressem- blance. Par le mystère de cette liberté ma créature Je lui abandonnai dans mon royaume Une part de mon gouvernement même. Une part de mon invention. Il faut le dire une part de ma création. Il faut les prendre comme ils sont. Si quelqu'un le sait,

c'est moi. Et aussi savez-vous

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