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DES SAINTS INNOCENTS

O nuit faudra-t-il donc, faudra-t-il que mon paradis Ne soit qu'une grande nuit de clarté qui tombera sur

les péchés du monde. Sera-ce alors, ô nuit, que tu viendras. C'est alors, ô nuit, que tu vins ; et seule tu pus finir,

seule tu pus accomplir ce jour entre les jours. Comme tu accomplis ce jour, ô nuit accompliras-tu le

monde. Et mon paradis sera-t-il une grande nuit de lumière. Et tout ce que je pourrai offrir

Dans mon offrande et moi aussi dans mon Offertoire A tant de martyrs et à tant de bourreaux, A tant d'àmes et à tant de corps, A tant de purs et à tant d'impurs, A tant de pécheurs et à tant de saints, A tant de fidèles et à tant de pénitents. Et à tant de peines, et à tant de deuils, et à tant de

larmes et à tant de plaies, Et à tant de sang.

Et à tant de cœurs qui auront tant battu, D'amour, de haine,

Et à tant de cœurs qui auront tant saigné D'amour, de haine, Sera-t-U dit qu'il faut que ce soit Qu'il faudra que je leur offre Et qu'ils ne demanderont que cela, Qu'ils ne voudront que de cela. Qu'ils n'auront de goût que pour cela, Sur ces souillures et sur tant d'amertumes. Et sur cette mer immense d'ingratitude La longue retombée d'une nuit éternelle.

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