Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/38

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le mystère

Je suis partisan, dit Dieu, que tous les soirs on fasse

son examen de conscience. C'est un bon exercice. Mais enfin il ne faut pas s'en torturer au point d'en

perdre le sommeil. A cette heure-là la journée est faite, et bien faite; il n'y

a plus à la refaire. Il n'y a plus à y revenir. Ces péchés qui vous font tant de peine, mon garçon, eh

bien c'était bien simple. Mon ami il ne fallait pas les commettre. A l'heure où tu pouvais encore ne pas les commettre. A présent, c'est fait, va, dors, demain tu ne recom^

menceras plus. Mais celui qui le soir en se couchant fait des plans pour

le lendemain. Celui-là je ne l'aime pas, dit Dieu. Le sot, est-ce qu'il sait seulement comment demain sera

fait. Est-ce qu'il connaît seulement la couleur du temps. Il ferait mieux de faire sa prière. Je n'ai jamais refusé

le paia du lendemain. Celui qui est dans ma main comme le bâton dans la

main du voyageur, Celui-là m'est agréable, dit Dieu. Celui qui est posé dans mon bras comme un nourrisson

qui rit, Et qui ne s'occupe de rien. Et qui voit le monde dans les yeux de sa mère, et de

sa nourrice. Et qui ne le voit et ne le regarde que là,

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