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le mystère

Du trône de mon éternelle grandeur

Je vois monter vers moi, du fond de l'horizon je vois

venir Cette flotte qui m'assaille, La triangulaire flotte, Me présentant cette pointe que vous savez.

Comme les grues volent en triangle dans le ciel,

Et ainsi vont où elles veulent,

Fendant l'air et refoulant la force du vent même.

Et la plus forte est devant faisant la pointe du triangle,

Ainsi cette grande flotte triangulaire

Vole et navigue et vogue

Et pour ainsi dire vole

Pour traverser l'océan de ma colère.

Et le plus fort est devant faisant la pointe du triangle.

Et ils se sont mis derrière lui de proche en proche

Et de proche en proche ils disparaissent tous au regard

de ma colère. Ils sont massés comme des peureux; et qui leur en

ferait un reproche. Comme des passereaux timides ils sont massés derrière

celui qui est fort. Et ils me, présentent cette pointe. Et ils fendent ainsi le vent de ma colère et ils refoulent

la force même des tempêtes de ma justice. Et le souffle de ma colère n'a plus aucune prise sur cette

masse angulaire, Aux fuyantes ailes. Car ils me présentent cet angle et je ne puis les prendre

que sous cet angle.

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