Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/76

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le mystère

Sera-l-il dit qu'il y a des plis qu'on ne pourra pas

défaire. Avec un fer à repasser. Des traces que l'on ne pourra pas effacer. Laver au battoir à la rivière. Laver au lavoir. Et que les épreuves uniques et que les uniques détresses

de cette terre Les auront marqués pour éternellement. Et qu'ils ne voudront rien savoir Et qu'ils ne voudront entendre à rien (Je joue toujours contre moi, dit Dieu. Sans doute il est arrivé quelquefois, Trop rarement,

(Et je regrette bien de ne pas l'avoir fait plus souvent. Au moins quelquefois plus souvent) Que j'ai saisi un criminel tout chaud dans la nuit de son

crime. Et que je l'ai pris par la peau du cou. Et que je l'ai traîné tout pantelant devant mon Tribunal. Gomme un chien crevé. Mais c'est qu'ils préparaient de telles horreurs et de

telles monstruosités. Que moi Dieu j'en ai été épouvanté. Et que dans ma propre nuit j'en ai été saisi d'horreur. Et que je n'ai pas pu attendre au soir du jour qu'ils

préparaient. Et que je n'ai pas même pu supporter l'idée. Que cela se ferait, que cela se passerait, que cela aurait

lieu, Qu'ils préparaient. Et que j'ai perdu patience. Et pourtant je suis patient.

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