Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/78

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le mystère

(O nuit, je t'ai créée la première). Que votre volonté soit faite.

Or ce que je n'ai pas fait contre les races perdues.

Vous voudriez que je le fasse contre mes paroisses françaises.

Un événement s'est passé dans l'intervalle, un événe- ment est intervenu, un événement a fait barrière.

C'est que mon fils est venu.

Et moi qu'est-ce que je serais sans mes vieilles paroisses françaises.

Qu'est-ce que je deviendrais. C'est là que mon nom monte éternellement.

Depuis quand le général décime-t-il ses meilleurs sol- dats. Ce sont mes meilleures troupes.

Croyez- vous que je vais aller surprendre dans son sommeil mon propre camp.

Ils sont mes propres hommes. Vais-je me mettre

A décimer mes propres hommes.

Je ferais une belle bataille, après.

Oh je sais bien qu'ils ne sont pas parfaits.

Ils sont comme ils sont. Ce sont mes meilleures troupes.

Il fautaimer ces créatures comme elles sont.

Quand on aime un être, on l'aime comme il est.

Il n'y a que moi qui est parfait.

C'est même pour cela peut-être

Que je sais ce que c'est que la perfection

Et que je demande moins de perfection à ces pauvres gens.

Je sais, moi, combien c'est difficile.

Et combien de fois quand ils peinent tant dans leurs épreuves

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