Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 3.djvu/96

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le mystère

Ou je veux dire comme eux-mêmes ils gagneraient im

autre royaume, Un royaume de la terre.) C'est ce qu'il y a de plus

remarquable en eux. Ils s'en vont les uns comme les autres, en troupe, les

uns derrière les autres. Sans se presser, sans s'étonner, sans faire des grands

gestes, Très honnêtement, fort ordinairement. Sans faire un éclat et ils finissent tout de même Par conquérir le royaume du ciel. Ou encore ils gagnent le royaume du ciel comme on

gagne un royaume de la terre. Ils attaquent le royaume du ciel comme on attaque un

royaume de la terre, A main forte et cela ne réussit déjà pas si mal. Violenti

rapiunt. Ils vous font d'ailleurs tout cela fort honnêtement,

très communément, comme allant de soi. Comme si ce fût la chose la plus naturelle du monde. Seulement ces malheureux ne veulent pas avoir la

lèpre. Ils trouvent sans doute que ce n'est pas

propre. Ils aimeraient mieux autre chose. Les malheureux, les sots, s'ils voyaient la lèpre de

l'âme Et s'ils voyaient la saleté ou la propreté de l'âme. Mais voilà, ils se disent : Je n'ai qu'un corps (les sots, ils oublient le, principal, ils oublient non pas seulement l'âme, mais le corps de

leur éternité, le corps de la résurrection des corps),

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