n’y a plus aucune cité. Le monde riche et le monde pauvre vivent ou enfin font semblant comme deux masses, comme deux couches horizontales séparées par un vide, par un abîme d’incommunication. Les antisémites bourgeois ne connaissent donc que les juifs bourgeois, les antisémites mondains ne connaissent et haïssent que les juifs mondains, les antisémites qui font des affaires ne connaissent et ne haïssent que les juifs qui font des affaires. Nous qui sommes pauvres, comme par hasard nous connaissons un très grand nombre de juifs pauvres, et même misérables. Dans cette région des juifs pauvres l’affaire Dreyfus, la trahison politique et politicienne, la trahison parlementaire, la banqueroute frauduleuse de l’affaire Dreyfus et du dreyfusisme a causé des ravages effroyables et qui ne seront jamais réparés. Ravages d’argent, de travail, de situations, de carrières, — de santé, — mais aussi ravages de cœur, désabusement qui est venu se joindre à l’éternel désabusement de la race.
Ils sont comme nous, ils sont parmi nous, ils sont nos amis, ils ont été éprouvés, ils ont souffert, ils ont été maltraités autant que nous, plus que nous. Car ils s’en relèvent plus malaisément encore.
Comme nous ils sont des demi-soldes, ils sont et il seront toute leur vie dans cette situation ingrate de demi-soldes qui n’auraient point fait de grandes campagnes historiques.
Ce qu’il faut dire, c’est qu’un État-Major de juifs et de chrétiens a trahi des troupes excellentes de juifs et de