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Page:Péladan - La Décadence latine - Éthopée VIII, L’Androgyne, 1891.djvu/23

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LIVRE I

CHEZ LES JÉSUITES


J’aime tout du Moustier : la voûte d’outremer semée d’étoiles d’or, l’encens de la chapelle qui m’enivre et me montre dans sa fumée des formes d’anges autour du tabernacle. J’aime les voix de l’orgue, j’aime ma propre voix : le plaisant moinillon s’oublie, en oraison mentale, de grands moments sur les dalles du chœur. Mais j’adore encore plus : le vrai ciel, le grand ciel, changeant et magnifique, d’abord vermeil, puis éclatant, enfin rouge et violet. J’aime les nuages, les nuages virants aux formes si bizarres, qui viennent de si loin et qui vont Dieu sait où ; j’adore aussi la symphonie de l’aube, les doux bruits de l’éveil du jour, le mineur indicible de la vesprée qui tombe sur la forêt qui dort…
(le prince de byzance, acte I, scène II.)