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Page:Péladan - La Décadence latine - Éthopée VIII, L’Androgyne, 1891.djvu/40

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l’androgyne

— « Vous avez à me remettre, mon enfant, ce billet que vous ne devez pas lire. »

— « Mon père, je ne vous le remettrai que si, l’ayant lu… »

— « C’est un cas de cachot, de renvoi. »

Samas haussa les épaules.

— « Je suis frère de déserteur, petit-fils de chouan, cousin de contrebandier. »

— « Que veut dire ? »

— « Que pour me mettre au cachot, il faudrait recevoir mon couteau dans la poitrine ; et que pour me renvoyer, il faudrait oubiier les services d’Œlohil Ghuibor, mon père. »

— « Le diable vous souffle ces paroles ?

— « Le diable, mon Père, est curieux comme vous et entêté comme moi. »

— « Croyez-vous que je vous laisse vous empoisonner votre jeune âme. »

Samas réfléchit.

— « Votre dignité ne veut pas que je garde ce billet ; ma dignité veut que je le lise. Permettez-le-moi, je vous le donnerai après. »

— « Samas, je vous ordonne, »

— « Samas dit Soleil, jésuite Josué, » ironisa l’enfant.

Un peu de rage parut sur le visage du professeur, non pas allumée par les répliques prématurées, il connaissait l’étrange atmosphère de mysticité et de ré-