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'110 LE THEATRE DE WAGNER

NOTE

On pourrait appeler les « Maîtres ohanteurs » la partition des musiciens, puisquebeaucoup la déclarent techniquement supérieure aux autres, probablement parce que Tabsence de sublimité les aide à comprendre.

Pour Festhèle, la comédie est un art inférieur, et la bastonnade, si gaiement qu’elle soit donnée, sera toujours hors du grand art. Toutefois, il est bon et beau et profitable que celui qui se jouait sur les sommets poétiques^ descendu sur le terrain du réel, écrase tout le monde pour régner seul dans toutes les formes du théâtre.

L’évocateur d’Erda, le maître de la Mort de Siegfried et de Titurel et de Tristan, a daigné mettre le rire dans son orchestre et désopiler la rate de ce public qu’il terrifia : et il a montré, avec quel art je ne saurais le dire, les rondes d’étudiants, les altercations d’ouvriers et les coups de poings de bourgeois surexcités et les potées d’eau de mégères couardes. Le marteau de Sachs a rhytmé sur le cuir la risible sérénade du pédant Beckmesser. Tout ce qu’on nomme opéra-comique ou bouffe disparaît devant cette œuvre triomphante de gaieté et de vie. Et parmi ce réalisme allemand un peu lourd, il y a les trois arioso de Walther, la méditation de Sachs, sa harangue et le choral de la fin qui sont sublimes* On dirait l’amusement d’un demi-dieu et les caricatures d’un Michel-Ange. Toutefois on a eu tort de monter Tœuvre à Bayreulh ; on ne fait pas un tel pèlerinage pour rire.