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LES Xr OPÉRAS 33

NOTE

M. Challemel-Lacour a 1res bien traduit, dans ses quatre poèmes d’opéras, le Hollandais volant. Au point de vue littéraire, le second acte dépasse de beaucoup les autres. La ballade chantée par Senta et l’arrivée du maudit sont les points culminants de l’intérêt esthétique. Le personnai^e d’Erik, n’a pas rinsuffisance ordinaire des amoureux éconduils : déjà paraît le grand psychologue qui donnera tant de style et de grandeur à l’amant non aimé, à Wolfram de Tannhauser, au roi Mark de Tristan. Avec le Hollandais se dévoilent deux caractères que l’œuvre accentuera toujours de plus en lui : l’idée de charité, le don de soi pour autrui et le parti pris légendaire dans le choix et l’économie des poèmes.

On est déjà en présence d’un maître supérieur aux écrivains de l’opéra, mais le réformateur de l’art scénique se cherche encore.

Du reste, son. œuvre se trouve plus réalisée dans le poème que musicalement. Cerles, le double chœur des Norwégiens et des matelots fantômes en leur contraste, vaut étonnamment : la musique se subordonne à l’action et même au mot. Le leit motive, cette méthode si logique, si lumineuse, ce moyen sans égal d’émotion esthétique, apparaît déjà, quoique non systématisé. On remarque aisément, à l’audition, le motif sinistre du Vaisseau Fantôme, celui de la malédiction, la phrase descriptive de Daland, la rédemption par l’amour et la transfiguration des héros.