Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/28

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meuraient fièrement à leur poste et en présence des séditions ; mais ils prenaient leurs places à l’assemblée comme dans les temps de calme, sans être effrayés ni des cris de mort, ni du bruit du canon ; et comme ils avaient foi à la république, leurs dernières paroles étaient encore pour la république qui les envoyait à la mort, pour la république qui les poussait à l’échaffaud ; et quand le peuple demandait quelques têtes, ils répondaient : « Qu’on nous livre tous » ; et ils mouraient tous ensemble.

Mais en 1832 c’était un grand crime que cette insurrection lâchement préparée pour une république impossible, c’était quelque chose de perfide, que tous ces discours en l’honneur de la république, froidement débités par des hommes sans croyances, pour exciter quelques hommes enthousiastes par jeunesse ou par tradition. C’était une imitation inutilement féroce du sanglant drame de la république.

En 93, les chefs de chaque parti bravaient la mort sans crainte, les uns sur les champs de bataille, les autres en face de la hache révolutionnaire : en 1832, tous cachés, tous reniant la sédition qui est leur ouvrage, protestent de leur innocence, lorsqu’ils ont préparé les armes, lorsqu’ils ont donné le signal du combat.

Voilà donc ces héros qui veulent aujourd’hui singer la grande révolution, voilà donc ces héros qui ont la parole si haute et le cœur si petit : ils