Page:Pépin - Les barricades en 1832.djvu/42

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Sans doute, pour entreprendre cette tâche, il fallait du courage ; sans doute, pour faire entendre raison aux esprits, abusés, par de dangereuses influences, il fallait du talent ; pour imposer silence aux brouillons, et aux déclamateurs, alors que le pouvoir, était contesté à chaque pas, il fallait de la force, et Périer avait tout cela ; mais son plus grand mérite, fut d’avoir compris la pensée de la société à cette époque, et d’y avoir apposé le sceau de sa volonté.

Or, quelle était cette pensée, ou plutôt ce besoin ? C’était, évidemment une pensée d’ordre et de paix, pensée, qui était nécessairement la conséquence de la révolution de Juillet, puisque, par cette révolution, la France avait obtenu ce qu’elle demandait depuis quinze ans. Conserver ce qu’elle avait acquis, était son unique besoin, et, pour cela, il fallait l’ordre, et elle ne pouvait y arriver qu’avec l’ordre, qui est la condition même du progrès ; et ceux-là seuls, qui ont voulu le contraire, n’ont jamais, compris quel était le besoin de la société. Ordre et conservation, voilà le système du 13 mars, voilà tout le secret du Juste-Milieu. Ce n’était pas Périer qui avait trouvé cela[1] ; mais il a réalisé la pensée de la société :

  1. Conserver la bonne intelligence avec l’Europe et prévenir tout ce qui pourrait la troubler, tel est le devoir, et le vœu des hommes auxquels le Roi a confié l’administration du royaume.
    (M. Lafitte. Chambre des Députés, 3 novembre 1830.)