Page:Péricaud, Notice sur Camille de Neuville, archevêque de Lyon sous Louis XIV - 1829.pdf/7

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qui, dans son établissement, fut si fort traversé, est un des plus beaux monumens de son crédit auprès du roi[16]. Lorsque ce prince, qui l’honorait d’une affection toute particulière, donna le bâton de maréchal au duc de Villeroy : « Mandez, lui dit-il, cette nouvelle à votre oncle l’archevêque de Lyon, et qu’il sache que si je vous ai fait maréchal, c’est pour le faire vivre quelques années davantage. » Camille remercia le roi, et témoigna le désir de voir son neveu. Louis y consentit et remit au maréchal une lettre autographe pour son oncle. « Monsieur l’archevesque de Lyon, écrivait le roi, j’ai lu avec bien du plaisir ce que m’avez écrit sur la justice que j’ai rendue au duc de Villeroy vostre neveu, à la mémoire de son père et à vos propres services. Je souhaite que cette nouvelle marque de ma confiance et de mon estime vous fasse encore bien porter plusieurs années, et vous mette en estat de venir ici. Personne, sans exception, ne vous y verroit avec plus de joie que moi, qui prie Dieu, Monsieur l’archevesque, qu’il vous ait en sa sainte garde. À Versailles, le 15 avril 1695. Signé Louis[17]. » Camille était dans sa maison de campagne, à Neuville, lorsqu’il reçut avec cette lettre les embrassemens de son neveu. Il se délassait quelquefois de ses pénibles travaux au sein de cette retraite qu’il avait embellie à grands frais[18]. Un autre prélat, le célèbre d’Epinac, y avait aussi cherché, après les fureurs de la Ligue, un repos qu’il n’y sut point trouver[19] ; bien différent du chancelier de Mayenne, Camille, libre d’ambition, y rencontra le bonheur, et doubla ses jouissances en répandant ses bienfaits sur les habitans de la contrée. Il fit relever l’antique château d’Ombreval, planter des avenues, entourer de murs un parc immense, où les seigneurs des provinces voisines venaient chasser le cerf[20]. Des statues d’un grand prix, de superbes jets d’eau, des bosquets et des salles d’ombrage contribuaient à l’ornement de ses jardins. Il fit