Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/11

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Et, en même temps, un pélican, deux pélicans.

Mon Dieu ! j’ai combattu…


dix pélicans, dix couvées de pélicans… Allez, allez, mes oiseaux !

Je les traçais avec une rapidité déconcertante. Ce talent m’est resté. À ce jeu-là je ne crains personne, pas même Benjamin Rabier.

Ai-je retiré quelque bénéfice plus sérieux de ces exercices d’école ? Je ne le jure point. Je jure, par exemple, n’y avoir jamais pris de plaisir.

Écrire est une chose ennuyeuse.

Cependant, j’ai entendu mon camarade Évrard, que nous appelions « le poète » à cause de ses idées bizarres, soutenir qu’il aimait autant écrire une jolie phrase qu’embrasser une jolie fille : c’était pour lui le même frisson joyeux. Je l’ai vu rester à la boîte et écrire pendant les heures de sortie. Il appelait cela fixer ses papillons. Pour lui, écrire était une chose charmante.

Moi, je n’ai guère de papillons à fixer et encore ce ne sont pas des papillons de soleil, mais bien plutôt de petites chauves-souris aux ailes poussiéreuses.

N’importe ! je vais tâcher de les poursuivre ; si je rentre bredouille, personne n’en saura rien et j’aurai toujours le plaisir de la chasse.

Écrire est une chose ennuyeuse et charmante. Écrire a son doux et son amer ; écrivain volontaire, je laisserai toute amertume.