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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/120

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21 octobre. — J’ai dans ma vie Josette Olivet.

Elle y est entrée sans crier gare et elle s’est installée tout naturellement, comme chez elle.

Je ne l’avais pas formellement invitée, mais je l’avais bien un peu guignée de l’œil et quand elle est venue, j’ai observé une neutralité bienveillante.

Et maintenant je n’essaie point de la chasser.

Je puis d’ailleurs perdre du temps à adorer cette souveraine passagère de ma pensée. Je ne la crains pas. Le voulût-elle, qu’elle ne saurait bouleverser la trame incolore de mes jours. J’ai mon bon sens intact et ma volonté est là, ma grande volonté inabordable.

D’ailleurs elle ne le voudra pas. Pauvre de moi ! je puis dormir sur les deux oreilles. Elle n’essaiera pas de me faire manquer à mon serment, cette fine demoiselle aux yeux dorés.

Hier, lorsque nous nous sommes trouvés brusquement face à face, j’ai été foudroyé, mais elle n’a pas même senti le choc en retour.

J’aimerais songer qu’elle a été sotte, aussi sotte que moi. Mais non, pas du tout ; elle s’est excusée très simplement. Cette habileté me glace.

Quand je la reverrai, je tâcherai d’être galant et spirituel, comme ces vieux qui ont une grande expérience et ne sentent plus rien.

Mais ici, je puis mettre folie au vent. Il me plaît de rêver Josette amoureuse et souple à mon vouloir ;