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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/160

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un cri, se lève et, nerveuse, se jette contre moi, me saisit le bras, le lâche aussitôt.

Ce mouvement fait tomber ma boîte d’allumettes qui était sur le coin du piano. Je me baisse. À quatre pattes, je frôle des jupes. Mes lectures assignent cette position à l’amant romantique, passionné et respectueux. Sur le plancher, mes mains circulent, grandes ouvertes. Si j’allais, au lieu d’allumettes, ramasser les mollets de Thérèse ! Bien que mes ongles ne soient pas rétractiles… Mais je pourrais me tromper… Mes oreilles chantent, mon hanneton bourdonne à bruyantes élytres. Oh ! les ténèbres du mal !

Heureusement j’ai trouvé. Que la lumière soit !

Thérèse, ange déchu, éteint la flamme.

Je me venge silencieusement : dans huit jours elle pourra encore admirer le bleu souvenir de cette scène.

Une lueur seconde brille très haut entre mes paumes jointes.

— Mesdemoiselles, messieurs, la représentation continue.

Je manque d’assurance. J’ai le bout des doigts poussiéreux et mes cheveux trop longs, relevés en coup de vent, n’ont pas su se tenir quand je me suis baissé.

Je voudrais bien revenir près du piano, mais Thérèse est en train d’édifier Josette. Que peut-elle ainsi lui conter à l’oreille ? Elle est très capable