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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/23

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décavé qui porte une bouteille d’huile bouchée avec du papier.

À cinquante pas de chez lui, il m’a dit sans ardeur :

— Viens-tu voir ma boîte ?

— Mon vieux, excuse-moi : les soucis de mon installation matérielle…

— Ah oui ! tu as raison ; j’irai t’aider plutôt. Il n’est point venu ; je me suis installé seul. Oh ! sans grand embarras ! Cependant il m’a fallu réfléchir, j’ai commis des erreurs ; j’ai dû, cette semaine, changer plusieurs objets de place. Maintenant, c’est définitif : ma chaise seule vagabondera.

J’ai fait, ce soir, le tour du propriétaire.

J’habite, au fond du jardin directorial, une petite maison isolée. De loin, on dirait une cabane pour abriter la bêche et l’arrosoir. J’ai cependant deux pièces — extrêmement petites, cela va de soi. L’une donne sur un pré, car nous sommes ici dans les extrêmes faubourgs. L’autre, qui est ma chambre à coucher, regarde sur le jardin. Comme je ne peux pas me ruiner en rideaux, il est heureux qu’elle n’ait qu’un œil. Pour l’instant, je l’obscurcis, cet œil, avec une feuille de papier Ingres. Nous verrons à la fin du mois…

À la fin du mois, lorsque j’aurai envoyé dix francs à ma mère, il me restera quinze belles pièces de cent sous. Avec cet argent je pourrais prendre mes repas dans une gargote ou chez une veuve hors d’usage et il me resterait encore au moins