Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/25

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soir, cette diagonale a fléchi. Je ne sais pas encore si je dois m’en réjouir ou m’en attrister. L’accident s’est produit au moment du bond.

Ici, il faut que j’ouvre une parenthèse ou que je mette une petite note en marge. Je serais en effet bien capable d’oublier la théorie de la mise au lit par renversement.

Cet exercice qui m’a été longtemps familier est le dernier mouvement de la journée. Il consiste essentiellement en une culbute « avant » ou « arrière », exécutée en prenant le rebord antérieur du lit comme axe de rotation. La culbute « avant », plus dure, mais plus élégante, doit être exécutée avec lenteur ; elle demande un temps d’arrêt lorsque les pieds sont en l’air et le corps bien vertical.

Cette gymnastique de chambre se recommande aux cénobites, aux anachorètes, aux juges, aux sénateurs, aux membres de l’Institut, et, plus généralement, à toutes les personnes que le destin ; fait suer sous une carapace de gravité.

Quant à moi, mon lit actuel étant trop exigu, je remplace le renversement par un saut à pieds joints : c’est « le bond ».

Hier soir donc, je venais de bondir — assez galamment même — et j’avais la position du sauteur qui se reçoit, quand mon équilibre fut soudain détruit ; en même temps j’entendis un bruit sourd : mon lit avait quelque chose de crevé dans ses parties basses. Sans plus y penser je me couchai