Comme elle se recoiffait hâtivement devant ma glace à treize sous, elle s’est écriée.
— Et tes lettres, ton portrait ?…
— Eh bien ?
— Tes lettres qui sont restées là-bas, dans ma chambre… Je ne veux pas qu’on les trouve. Il faut aller les chercher dès ce soir… demain, je n’oserais plus.
— Mais on te retiendra.
— Papa est absent ; personne ne peut me retenir. Je suis prête, conduis-moi.
J’ai ouvert la porte. La nuit était venue, brusque, froide, pleine d’étoiles. J’ai indiqué à Josette le petit sentier qui contourne Lurgé, mais elle a souhaité traverser le bourg à mon bras. Nous avons croisé des gens ; personne ne nous a remarqués, personne ne nous a reconnus. Arrivés chez elle, nous nous sommes arrêtés devant la grille ; elle m’a dit, plus calme :
— Suivez-moi… vous m’attendrez dans l’allée deux ou trois minutes à peine.
Je me suis caché derrière une touffe de lauriers et elle est entrée. J’ai écouté son pas dans l’escalier.
Tout à coup, un autre pas derrière moi… La grille s’ouvre, se referme ; j’entends le grincement d’une clef… J’ai juste le temps de me dissimuler complètement : M. Olivet passe à deux pas de moi, énorme, rapide, un refrain aux dents… Mme Olivet paraît dans le corridor, une lampe haute à la main ; elle