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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/253

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27 mars. — Je n’ai pas été loin. Mme Bérion m’a appelé au passage. Josette est malade. Je le savais, je le sentais… Le médecin est allé la voir hier soir à la nuit ; il est revenu ce matin au point du jour. Il ne peut pas se prononcer encore.

Allons, il faut que j’aille faire ma classe.

29 mars. — C’est une méningite. Mme Bérion, charitable, m’a dit que le médecin ne désespérait pas de sauver la malade. Mais non… elle est perdue… En ce moment même, elle agonise peut-être déjà.

La campagne est belle ce soir, d’une beauté précise et agile. Les bruits s’épurent, la paix déferle, ample marée aux vagues croulantes et doucement lumineuses.

Saleté !

Je voudrais insulter quelque chose de grand. Je sens à mes poignets un sang acre et barbare.

Si j’avais du vin, je m’enivrerais et je dormirais par terre, comme un chien, vingt-quatre heures.

30 mars. — J’ai sonné hardiment. Je comptais dire à M. Olivet :

— Votre fille se meurt ; elle a demandé à me voir ; Mme Bérion me l’a dit… Et je viens.

J’étais décidé à entrer par n’importe quel moyen, même en employant la force. Mais c’est Mme Olivet