Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/44

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ma leçon de lecture, j’apparais comme un garçon pratique, d’une grande et profitable activité ; de hautes destinées m’attendent…

Mon camarade, horripilé, écrasait de basses paroles entre ses mâchoires serrées. Je voulus prendre congé, mais il me retint et m’entraîna au jardin.

Ce jardin est soigneusement cultivé. Je complimentai mon camarade. Je célébrai ses haricots et ses pommes de terre ; pour louer sciemment ses fraises, j’en cueillis une ; alors, M. Édouard qui nous avait suivis jeta des cris énormes et furieux : je dus lui donner le fruit, mais je le fis attendre pour le plaisir de le voir s’emballer.

— Dis donc, c’est un rude lapin, ton fils ! il est campé le gaillard… il est solide et joli avec ça… il a les yeux de…

— Son père. C’est tout mon portrait ; c’est frappant !

L’enfant n’a rien de lui. Blaguait-il ? Avec lui on n’est jamais sûr.

Nous nous assîmes à l’ombre sur une large pierre qui sert de banc. C’était l’heure de la sieste ; il faisait chaud ; nous nous calmions, nous nous taisions.

Évrard, cependant, formula à mi-voix la conclusion de ses discours intérieurs.

— Voilà, mon vieux, les choses.

— Ces dames, insinuai-je, ne se rendent pas un compte très exact des difficultés de notre métier.

Il resta un instant songeur, puis il tourna vers