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Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/61

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monsieur sévère qui ne savait pas leurs prénoms et qui leur donnait du « vous » les intimidait. Ils n’avaient plus confiance.

En vain je mis la conversation sur les cerises, les fraises.

— Oui, m’sieur ; non, m’sieur…

Rien de plus. L’inspecteur s’impatientait. Il demanda rudement :

— Voyons, vous, le dormeur, qu’aimez-vous le plus, les cerises ou les fraises ?

L’enfant tressaillit et ouvrit la bouche, mais pour bâiller. Je voyais le gros Robert se fourrer les doigts dans l’arrière-gorge. Quand ce fermier de Robert vérifie ses dernières molaires, c’est qu’il a quelque chose à dire.

L’inspecteur insistait.

— Qu’aimez-vous le plus ? vous ! vous ! vous !…

— Moi, j’aime plus le lââârd !

Collé comme une motte de glaise !

Brave petit, je n’attendais pas moins de toi.

Monsieur l’inspecteur, vous levâtes les bras vers le plafond ; vous eûtes tort.

À cinq ans, un enfant ne sait pas choisir.

À cinquante ans, un pédagogue ne sait pas toujours interroger.

Je fis ensuite une leçon d’histoire à tous ces pauvres enfants.

Il paraît que cela n’a pas été vivant. La pédagogie ancienne — la mienne — reposait sur une