Jusqu’à présent elle n’a jamais rien su de mes turpitudes amoureuses. Elle n’en saura, je l’espère, jamais rien.
Pourtant, elle est curieuse, maman.
— As-tu une bonne amie, Maximin ?
J’ai encore dans l’oreille cette question indiscrète ; elle me l’a posée vingt fois ; et vingt fois j’ai fait la même réponse équivoque :
— Maman, je ne veux pas me marier.
Cela la chagrine un peu, cette volonté de rester célibataire ; cela ne lui semble pas conforme à la règle saine des choses. Quand elle m’entend faire ainsi vœu de solitude elle commence par prendre un visage désolé ; puis, petit à petit, je la gagne à mes idées et elle finit par dire :
— Tu seras peut-être plus heureux en effet comme ça, mon pauvre petit. Tu as sans doute raison. J’ai toujours raison. Pour elle je suis quasi infaillible.
Je suis le premier de la famille qui ait eu un peu d’orthographe. Cela m’attire la considération de mes proches. Cela m’attire aussi, hélas ! un peu de jalousie. Je trouve ce sentiment-là chez ma sœur ; je le trouve surtout chez mon beau-frère. Ce brigand m’a encore gâté mes vacances ; je n’aurais pas grand effort à faire pour le détester.
Cependant, en toute justice, ce n’est pas un mauvais garçon que Barreau. Il est sobre, travailleur, dur pour lui-même et bon pour les siens ; il n’est